Révolution, ou révolte populaire ?
Lorsqu’on examine des événements politiques, il importe d’appeler un chat par son nom, au risque que les déceptions ne succèdent aux illusions. Impossible de biaiser : si un éléphant accouche d’une souris, inutile de tergiverser, il vaut mieux l’admettre et regarder la vérité en face pour y faire face. Après trente années de gestation, le peuple égyptien, gros d’une révolution, a vu l’accoucheur de l’armée assassiner le bébé.
Le dictionnaire de la langue française est formel : « Une révolution est le renversement d’un régime politique à la suite d’une action violente » (1). Une révolution c’est une révolte, c’est un soulèvement ayant pour but de détruire les bases d’un système politique et social, dans bien des cas corrompu, pour le remplacer par un autre, habituellement très différent du précédent.
Hosni Moubarak s’était engagé à quitter le pouvoir en septembre 2011, au terme de son cinquième mandat. Plusieurs centaines de martyrs et des milliers de blessés plus tard, les « révoltés du Nil » (2) auront obtenu qu’il avance sa démission de six mois et qu’en rédemption de ses crimes et de ses prévarications il se retire, avec ses milliard de dollars, dans sa datcha de Charm-el-Cheikh, muni d’un sauf-conduit et d’une promesse d’immunité entérinée par l’armée.Continue a ler »ROBERT BIBEAU EM : Révolution, ou révolte populaire ? (responda