De nombreux commentateurs sportifs ayant assisté à la dernière confrontation Obama-Netanyahu ont déclaré le pugiliste Netanyahu vainqueur par KO technique, surtout après le 4e round dans la salle du Congrès américain que le lutteur sioniste a remporté haut la main. Tous ces analystes oublient simplement que ce n’était qu’un combat qui appelle un match-revanche qui lui n’aura lieu qu’après 2012, suite à la réélection possible d’Hussein Obama comme aiment l’appeler les évangélistes américains.
Passons en revue les quatre premiers rounds de ce récent combat singulier. Le 13 mai, George Mitchell, l’émissaire spécial de Barack Obama au Moyen-Orient démissionne, suite à l’échec de sa mission soi-disant de paix. « En fait, c’est un constat d’échec pour ce diplomate chevronné, qui tire un mauvais bilan de ses deux années à tenter de briser l’impasse entre Israéliens et Palestiniens. Navettes, entretiens, pressions, compromis… Tout y est passé, en vain. Georges Mitchell n’a pas réussi à relancer le processus de paix, pas même à réunir les deux parties face à face autrement que pour des « photos », des séances photos sans lendemain comme le Proche-Orient en a tant connues. » (1)
Quand Barack a été élu à la présidence américaine, il avait sincèrement le projet de régler l’affaire palestinienne selon le point de vue américain évidemment, c’est-à-dire d’amener le leadership palestinien accrédité par Washington (L’Autorité sans autorité) à imposer d’autres compromis honteux au peuple palestinien en récompense de quoi lui, le Président des États-Unis (siégeant à dix mille kilomètres de la terre sainte), accorderait un État (bantoustan) au bon peuple palestinien, ce bantoustan couvrant la bande de Gaza actuelle et une partie de la Cisjordanie. L’étendue du terrain en Cisjordanie serait l’objet des négociations entre le gouvernement qui gère la base militaire américaine au Levant et l’Autorité palestinienne de l’accommodant Mahmoud Abbas, président illégal depuis deux ans.
L’une des concessions importantes attendues du traître Abbas concernait les 4 millions et demi de réfugiés palestiniens qui ne devraient avoir droit de retour que dans l’État bantoustan à venir; l’autre concession concernait Jérusalem : un village de la banlieue de la capitale israélienne serait rebaptisé Jérusalem et tiendrait lieu de capitale éternelle pour le peuple martyr palestinien, comme Yasser Arafat l’avait déjà concédé auparavant. Enfin. L’État bantoustan devrait être démilitarisé et seuls les services de sécurité répressifs seraient chargés d’incarcérer les palestiniens refusant ces concessions. Dernière concession l’eau disponible dans toute cette région serait en définitive sous contrôle israélien.
« Une Autorité palestinienne extrêmement souple, comme l’ont montré les « Palestine Papers », les documents de négociation qui ont « fuité » du côté de la chaîne Al Jazeera. Mais un leadership faible, incarné par Mahmoud Abbas » (2)
Ayant arraché toutes ces concessions aux négociateurs palestiniens, Barack Obama croyait l’affaire entendue. Il se heurta au gouvernement fasciste israélien qui avait justement été placé là par l’aile radicale – revancharde – du Congrès américain en prévision de ce bras de fer anticipé. Le gouvernement Netanyahu croit fermement que le temps n’est pas encore venu de négocier et de régler avec les traîtres palestiniens et que davantage de terre, d’eau et de concessions peuvent leur être arrachées. Voilà ce qui oppose les deux pugilats.
La démission de Mitchell étant annoncée, Barack Obama s’avança dans l’arène le 19 mai dernier pour faire une grande déclaration impérialiste sur les affaires des peuples du Proche-Orient. Dans ce discours le président américain fit simplement le constat d’échec de toute sa politique étrangère dans cette partie du monde. Après avoir humilié son allié pakistanais, il le voit se tourner de plus en plus résolument vers l’impérialisme chinois concurrent, et soutenir les Talibans qui vont finir par chasser l’OTAN de leurs terres. L’Irak est maintenant dans la sphère d’influence iranienne et l’Iran poursuit son développement nucléaire et économique sous la houlette chinoise. Le gouvernement libanais est paralysé mais loin du contrôle américain. De nombreux pays arabes ont connu des révoltes mais aucune n’est vraiment apaisée, ni aucun gouvernement à la solde véritablement stabilisé. La marmite arabe pourrait ré-exploser sous peu. Obama promet un Plan Marshall pour l’Égypte et la Tunisie notamment, et il promet même de déposer un milliard de dollars dans la corbeille, alors qu’il ne possède pas les crédits nécessaires pour payer les fonctionnaires américains qui pourraient se trouver en chômage technique sous peu. De toute façon, que serait un milliard quand la Tunisie à elle seule réclame 25 milliards ? Les chinois, les véritables banquiers du monde (3 000 milliards de réserve), n’ont pas dit qu’ils contribueraient à ce plan mort né (3).
Sur la question palestinienne par contre, Obama a été très précis dans ce discours et pour la première fois de l’histoire américaine récente il annonce un programme complet et compromettant. Il indique qu’il maintiendra la pression sur les négociateurs palestiniens pour qu’ils ne remettent aucunement en question les concessions déjà convenues; cela visait particulièrement le Fatah et le Hamas pour qu’ils ne se lancent pas dans une surenchère de demandes et de refus pour gagner les élections qu’il a prévues pour eux l’an prochain. Donc, la question de Jérusalem comme capitale, la question des réfugiés et la question de l’État démilitarisé ne devront pas ressurgir lors des négociations qu’il souhaite pour après 2012.
Aux Israéliens, Barack Obama signifia que premièrement il prenait acte de l’échec de sa politique étrangère les concernant au cours de ce premier mandat; mais qu’il entendait se reprendre après sa possible réélection et que, cette fois, pour son dernier mandat, il entendait les faire plier. La condition qu’il leur a annoncée est précise : il souhaite un accord de paix entre les deux belligérants et la création d’un État palestinien dont les frontières devront être fixées À PARTIR DES LIMITES DE 1967, CECI PERMETTANT DES ÉCHANGES DE TERRITOIRES CONVENUS ENTRE LES DEUX PARTIES. Chaque mot de cette sentence est très important à comprendre.
Ceci signifie qu’il ne veut pas d’un État palestinien en fromage gruyère formé d’une constellation de cités emmurées et reliées entre elles par des tunnels, comme le proposent les sionistes. Qu’il accepte que certaines colonies sionistes (Ariel par exemple) soient annexées par Israël en contre partie de territoires quelconques à convenir entre eux.
Obama sait très bien qu’il a étiré la corde pour pendre les leaders palestiniens à son maximum et qu’il ne peut leur en réclamer davantage au risque de les obliger à se faire harakiri devant leur peuple. Par contre, il savait que Netanyahu n’accepterait jamais ces compromis et qu’il se rebifferait, Obama ne comptait pas obtenir son assentiment et de fait il annonce sans le dire que ce dossier est clos pour lui jusqu’après les élections de 2012.
Par contre, pour que cette manigance fonctionne, Barack Obama avertit déjà la partie palestinienne qu’elle ne doit pas s’enfermer dans les frontières rigides de 1967 (lui-même utilise le terme « limites » de 1967) par une malencontreuse résolution bidon à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, résolution dont le Hamas ou d’autres factions palestiniennes se serviraient ensuite pour remettre en question d’autres concessions territoriales à venir pour les palestiniens et l’annexion israélienne de Jérusalem-Est déjà concédée depuis l’époque d’Arafat.
Benjamin Netanyahu comprend tout cela et il s’empresse, au moment même où son président fait son discours, d’annoncer sa rébellion et la construction de nouveaux logements à Jérusalem annexée. Le lendemain il se présente à la Maison Blanche en rejetant péremptoirement toutes les prémices présentées par son supérieur. Il court les médias américains pour insulter son hôte et en remettre toujours davantage. Il se présente enfin au Congrès pour annoncer son soutien au candidat républicain pas encore choisi; le Congrès à majorité républicaine l’entend bien ainsi et lui accorde ovation après ovation. L’élection américaine de 2012 est déjà engagée… Mais les primaires ne se tiennent pas dans les salons du Congrès.
Pendant ce temps Barack Obama tolère patiemment rebuffade après insulte, agression verbale après humiliation tonitruante sachant que le poltron Netanyahu peut bien s’exciter tant et mieux la véritable bataille ne se gagnera pas là et qu’à trop humilier et insulter publiquement le Président des États-Unis d’Amérique le larbin nuit à sa propre cause.
Les analystes politiques américains et français ne s’y trompent pas et annoncent déjà pour l’automne violence et troubles en Palestine occupée. Le peuple palestinien lui ne dit mot, il écoute et il comprend que des tas de gens sont à discuter et à se chamailler sur son dos sans aucunement écouter ses propos.
Les peuples arabes ont accumulé, depuis l’époque des Croisades puis de la colonisation européenne, une longue expérience de ces batailles contre l’occupant et de la trahison de certains de ses dirigeants, et ils savent que souvent il faut beaucoup de temps avant que le vent change de direction.
L’évolution démographique régionale, l’évolution économique (faillite de l’économie américaine), l’évolution politique et militaire (défaite militaire américaine après défaite) jouent toutes en faveur du peuple palestinien à long terme. Il lui suffit de maintenir ses positions de principes et de laisser le monde impérialiste occidental s’enferrer toujours davantage dans cette situation inextricable pour que dans vingt ou quarante ans la « datte » israélienne lui tombe dans les mains comme un fruit mûr (4)